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    Ci- dessus, haut :
    Jean-Jacques LEQUEU, jeune homme faisant la mou, 1790. Au second plan :
    MAGRITTE, La seconde colère des Dieux, 1960.
    Ci-dessus, bas :
    Ambroise PARE (1510 - 1590), le monstre de Ravenne, édité en 1614

    6 caméras en caramel, dont 2 du modèle "Empereur Antonin".

    HOKUSAI, Okiku, le spectre aux assiettes, 1831, extrait de la série 100 histoires de fantômes.
    Ci-dessous : Sebastian MUNSTER, De India ultra Gangem, 1554.

    Ci-contre :
    Villard de HONNECOURT, Têtes de feuilles, env.1190.

    Ci dessous :
    Villard de HONNECOURT, Colimaçon, env.1190
    face à
    MAGRITTE, La seconde colère des Dieux, 1960.


    DELACROIX, indien Ojibwas présenté au jardin des plantes, Paris 1845.

    Le Temps des Styrènes
    Musée des Moulages de l'Université Montpellier 3

    25 octobre au 20 décembre 2011

    Workshop et exposition le Temps des Styrènes.

    Titre en référence à un texte de Raymond Queneau écrit pour un court métrage d’Alain Resnais sur la fabrication du polystyrène : « O temps, suspends ton bol, ô matière plastique ! D’où viens-tu ? Qui es-tu ? Et qu’est-ce qui explique tes rares qualités ? De quoi es-tu donc faite ? Qu’à l’envers se déroule ton histoire exemplaire. [...] » (Le chant du Styrène, 1958).

    Le musée des moulages de l’Université de Montpellier 3, rassemble une remarquable collection de copies d’antiques du XIXe siècle. Lorsque le musée fut rénové, en attendant sa réouverture, j’ai été invité à faire cette exposition parmi les 23 grosses caisses abritant les plâtres. Ce musée, lorsqu'il fonctionne, est chargé d'une matière blanche incarnant l'histoire de l'art à travers la richesse ambiguë de ses représentations. Celles-ci respectent la volumétrie en désincarnant l'objet... vaste question que j'ai eue souvent entre les mains.

    La collection de Styrènes réalisée pour l’occasion, lie la chimie et la reproduction en volume de dessins choisis dans l’histoire longue (de Villard de Honnecourt à Richard Fauguet en passant par Magritte, Delacroix, Munster, Raymond Roussel...)
    Blanc contre blanc, le polystyrène expansé remplaçait les plâtres escamotés... Nous avons disposé 6 caméras moulées en caramel (modèle «Empereur Antonin», ci-contre en haut) qui fondaient et s'écoulaient lentement, liant le blanc lumineux du polystyrène et celui du plâtre très mat, l'histoire de l'art schématique qui émergeait par six fenêtres et les Styrènes parodiques.

    « L’éternel retour pris dans son sens strict signifie que chaque chose n’existe qu’en revenant, copie de copies qui ne laissent pas subsister d’original ni même d’origine » - Pierre Klossowski.

     







     

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    Du 12 septembre au 25 octobre, avec l'aide des étudiants, nous avons taillé 60 m3 de polystyrène, 16 blocs. Choix d'échelle, traitement du volume en fonction de l'époque du dessin (les arrières, les raccourcis, l'anatomie...), respect du modèle dessiné. Outillage composé d'arcs à fil chauffant de différentes envergures.

    La plus grosse pièce a été réalisée d'après La 2d  colère des Dieux de MAGRITTE. La plus petite d'après une gravure de H.-A. ZO, commandée par R. Roussel pour Nouvelles Impressions d’Afrique (1932), avec l’instruction suivante : « Une outre au désert, d’où l’eau s’échappe par un trou semblant fait à dessein par le fer d’un traître. Pas de personnages ». Récits enchevêtrés, série ouverte, amenée à évoluer.



    Quelques pièces anticipaient la collection des Styrènes :
    le cadran solaire sur Vénus, d'après Lukas Cranach,
    la coccinelle, d'après le boeuf écorché de Soutine lui-même inspiré de Rembrandt,
    cheval 13, mixe anatomique de sculptures équestres que j'avais été amené à mouler,
    Cicéron - boîtes à papillons, ou la mule à cinq pattes...

    Ci-contre :
    Lucas VAN LEYDEN, gravure avec deux sphinx, 1528.

    Ci-dessous :
    E.A. PETITOT, berger à la grecque, extrait de Mascarade à la grecque 1771



    Ci-dessus :
    Georges MELIES, sélénites dessinés pour Le voyage dans la lune, 1932.
    Ce Styrène a été réalisé au Château de Taurines (Centrès, Aveyron), en juillet 2011.
    Pour son exposition My Journey to the stars, Damien Deroubaix a invité Yannick Vey et moi (merci à Damien, Pascal Picq & l'équipe du FRAC MP, Odile Fabre & l'équipe du château).
    Ci-dessous, le Laocoon à la fenêtre. Une star de la collection du musée. Cette version du XIXe a été moulé après la restauration de Canova, bras levé. Depuis on a retrouvé le bras original, replié. Il y a peu de vérité en art, d'autant moins avec les moulages.
    ci-dessus :
    Odilon REDON, les Origines (détail), 1883, Ed. “quand s’éveillait la vie au fond la matière obscure”

    ci-contre :
    Anonyme, tortue et nuage, Corée, époque Choson, XVIIIe - XIXe siècles

    Participants et production

    Les étudiants :
    École supérieure des Beaux-Arts de Nîmes :
    Anaëlle Baroche, Asia Billotte, Anabelle Fouache, Colin Grill, Lorraine Balbo, Cyndie Olivarès, Emmanuelle Schmitt, Lauren Scott, Sandra Seitz, David Suet, Margaux Szymkowics, WU Xiao Ye , ZHAO Quiong.
    Nous avons ensuite monté l'exposition Ex-Post au musée Archéologique de Nîmes en novembre et décembre, avec leur travaux.

    Master 2 "Conservation, gestion et diffusion des œuvres d'art des XXe et XXIe siècles, Université Paul Valéry, Montpellier 3 : Zoé Adam, Marion Bonnet, Claire Dey, Emilie Dumas, Diane Elguer,Antoine Enjelvin, Marion Estimbre, Loïc Garrier, Pauline Lavigne, Anaïs Linarès, Céline Makragic, Rachel Mathieu, Nicolas Michelet, Nicolas Nabajoth, Léa Navarro, Berthine Nyampundu, Jeanne-Marie Peyron, Maud Pinter, Léa Salvador, Claire Sami, Bérénice Tattu, Sarah Tokhi.
    Ces étudiants étaient répartis en "Pôles" : production (m'ayant aidé au montage et démontage), édition (ayant réalisé le "carnet de route"), presse, communication (ayant réalisé le document de médiation), événementiel (ayant organisé le colloque des 17 et 18 novembre).



    Merci à
    - Rosa Plana
    (conservatrice du musée des moulages),
    - J.F. Pinchon (responsable du Master CGDOA),
    - Dominique Guthers
    et Augustin Pineau, École supérieure d'art de Nïmes
    - Emmanuel Latreille (Directeur du FRAC LR) qui a composé le poême (paru mi-2013 dans l'édition "Le temps des Styrènes"),
    - Catherine Dumon (CAP)
    - Hubert Duprat,
    - Lisa Klimoff et Yann Granjon,
    - Jérôme Rizzo (auteur des images),
    - la présidence de l'Université et toute l'équipe associée,
    - Nicolas Hvoinsky.

    Ci-contre : d'après Max Ernst, Oedipe, Une semaine de bonté.
    Ce Styrène fut réalisé pour l'exposition de caves, sous l'atelier de Daniel Depoutot au port du Rhin à Strasbourg, en Mars 2011. Je ne l'ai pas réinstallé à Montpellier.

    Ci-dessous : d'après Richard Fauguet, éléphant obscène, 2007. Richard est le seul artiste vivant de référence (pour cette expo au moins).
    à droite : Magritte, l'invention collective, 1934.

    Contrairement à ce que dit la légende, le Styrène n'a pas été inventé par Homère ni par Raymond Queneau, mais par un pharmacien berlinois, Édouard Simon, en 1835 puis interprété et synthétisé en tant que processus chimique par Marcellin Berthelot en 1866.
    Le styrène est un composé organique aromatique. Sa formule chimique : C8H8. C'est un liquide incolore, huileux, plutôt toxique et inflammable, utilisé pour fabriquer des plastiques, en particulier le polystyrène et sa variante expansée.
    Il est présent dans la nature, en faibles quantités dans certaines plantes et est produit industriellement à partir du pétrole. De faibles concentrations de styrène sont également présentes dans les fruits, les légumes et la viande donc aussi dans l'asperge de Manet ou les bœufs écorchés de Rembrandt et Soutine.
    Autrefois, le styrène s'extrayait du benjoin, provenant du styrax, arbuste indonésien. C'est le texte de Queneau qui a permis à ce produit d'entrer dans la mythologie.