Boîte à papillons traverse plusieurs strates de mes expériences : le buste de Cicéron est une copie que j’ai modelée en 1978 à Rome. Je découvrais à cette époque de prodigieuses fresques et sculptures par leur restauration et le moulage sur divers sites d’exception : l’Art dans son jus historique. La restauration m’a permis d’approcher certaines pièces avec des procédures sophistiquées, et j’ai observé que l’histoire de l’Art est affaire de démontages / remontages, constructions de récits autour des formes instables. J’en garde des souvenirs d’aventures collectives, au cours desquelles artistes morts et vivants, scientifiques, restaurateurs et historiens interagissent...
J’avais le nez sur les œuvres, j’y voyais parfois un vaste comptoir de pièces détachées. De cette expérience au cœur des musées, j’ai retenu que nous étions probablement dans une ère de taxidermistes qui s’étend sur de longues périodes, en mode chahuté (comme dirait Jacques Demarcq) : arrangement de peaux, reconstitutions d’arguments dédiées à l’histoire (aux morts probablement), le monde regardé avec des yeux de verre.
Le jeu de naturalisation est captivant pour peu que la nature soit mise en doute.

Les deux versions de cette pièce manifeste mon goût pour les séries variables. La résine et le capitonnage intérieur en silicone sont deux matières de mouleur qui lient des formes existantes et leur multiplication. Mon imaginaire technique est irrépressible et spontané.

Les papillons séchés sont une assez bonne métaphore de ce que j’attends d’un dessin, généralement sans y parvenir : qu’il devienne la trace légère ou drôle, ou ironique, d’une situation flottante, telle qu’elle est piquée quelque part dans ma tête.