"Louis l'Agrandi" 1991. Corps d'alligator, soie et résine polyester. Envergure 6,50m.
Intègre la partie centrale du corps d'un alligator empaillé récupéré dans les années 83/84, à une période où je dessinais des Anges et des crocodiles.
Cet alligator fut chassé et empaillé par Emile Chabrand dans les années 1880, au Mexique. Emile Chabrand est une personnalité historique de l'émigration des Barcelonnettes au Mexique...
Un petit criquet d'Amérique m'a servi de maquette.
En 1991, je préparais la Biennale de Lyon (vue ci-dessus) et l'agrandissement d'un petit être séché avec le corps d'un plus grand tout aussi sec m'a semblé un bon point de départ.
Amputé de la tête et des pattes, l'objet pouvait basculer dans la famille des sculptures, entraînant avec lui la matière organique naturalisée: la trace d'un existant perdure dans l'artefact.
C'est à la "Ferme aux crocodiles", exposée pendant l'été 96, que la sculpture a pris pieds dans un récit plus animiste ou totémique. Piquée sur la plage, s'engageait une expérience insolite. La forme et sa matière (qui garde une odeur assez marquée) était observée par les crocodiles vivants. Difficile d'assurer que ces animaux possèdent une intériorité, mais ils ont néanmoins dévoré deux pattes de la sculpture vers la fin de l'été. Je ne sais pas s'il faut prendre cela comme un regard critique ou comme une manière d'éprouver l'oeuvre en la goutant, comme Dali et sa mystique du camenbert...
C'est de toute façon le regardeur qui finit l'oeuvre.
Ci-contre, vue à la cité internationale de Lyon (exposition en extérieur co-produite par le MAC-Lyon en 1999). Cette installation est à l'origine de la commande pour un jardin à Montréal.