3 - Reconstitution des tracés
Le fait d’avoir repositionné le style bien au centre du cadran a permis de le faire coïncider avec le point de convergence des plus anciennes lignes gravées dans l’enduit. Ceci a confirmé qu’il avait été déplacé d’environ 7 cm lors d’une précédente intervention.
Par ailleurs, son orientation corrigée a permis de retrouver une bonne précision du temps solaire local.
Certains chiffres était encore identifiables avec des fragments de couleur (gris noir légèrement bleuté).
Ceux qui étaient en bonne place (X, XI, XII) ont pu être reconstitués. Le chiffre II se trouvait exactement à la place de I (13h) ; je n’ai donc restauré qu’une des deux barres.
Certaines traces de lignes anciennes méritaient d’être préservées (légèrement) pour garder la mémoire de la confusion des tracés au cours du temps.
La maxime a été restaurée selon son dessin le plus récent, puisque les deux tiers de la maxime originelle avaient été détruits lors de la précédente intervention. Toutefois, le ‘spectre’ des 2 mots plus anciens a pu être préservé.
Un ‘cadre’ gris de 3 cm de largeur était nettement visible sur le pourtour du cadran. J’ai reconstitué les parties manquantes.

1 - Relevé et observation de l’état initial.
Après le montage de l’échafaudage et la protection de la zone de travail, j’ai effectué un relevé sur calque des tracés existants et de diverses traces significatives.

Plusieurs tracés se superposent : trois faisceaux de lignes horaires (ocres-rouges et noirs) qui ne convergent pas vers les mêmes centres ; certaines sont gravées (les plus anciennes).
Les lignes les plus récentes sont plus ou moins fausses selon les heures. Divers chiffres romains sont plus ou moins visibles et correspondent aux diverses lignes.
La Maxime est assez lisible : «UNA DAT QUOD NECAT ALTERA». ‘L’une donne ce que l’autre prend’, (traduction personnelle, sous réserve...)
Comme les lignes horaires, la maxime a été retracée, si l’on en juge par les deux derniers mots (NECAT ALTERA) qui apparaissent deux fois avec un léger décalage d’échelle, de couleur et de position. La similitude des lettres semblent indiquer qu’elle a été recopiée.
Etat de l’enduit : sur sa périphérie (en haut, à gauche et en bas) l’enduit a été refait. Ces reprises sont saines, réalisées avec des mortiers de chaux de bonne composition. La dureté des reprises est comparable à celle de l’enduit originel. Il ne semble pas utile de les refaire. Les seules zones de l’enduit qui semblent fragilisées sont autour du style. Un badigeon de chaux blanc uniformise l’ensemble.Il est aujourd’hui sérieusement écaillé.
Par déduction on peut donc observer deux interventions successives depuis la création du cadran. L’une a pu consister à simplement ‘remettre à l’heure’ un tracé mal compris, l’autre a été plus profonde :
- Le style a été repositionné,
- 30 % de la surface de l’enduit a été refaite,
- la maxime a été repeinte avec son décalage,
- un nouveau tracé pas très juste des lignes horaires a accompagné un badigeon blanc sur la totalité de la surface.
On peut estimer que cette dernière intervention a été réalisée dans la première moitié du XXe siècle : 1920 - 1950. Le style en forme de lame est bien conservé. Sa forme offre une bonne précision de l’ombre sur les premières heures du matin. Par contre, il faut lire l’heure sur la droite de l’ombre à partir de 10h, et sa largeur rend la lecture imprécise.

4 - Restitution des tons, reprises des lacunes de couleur.
Pour recréer l’unité du fond clair, un badigeon léger (3 tons différents) a été appliqué par petites touches sur les anciennes reprises d’enduit et sur les bouchages de fissures et de trous effectués par mes soins.
Les zones du fond originel ont été préservées au maximum.
Certaines lignes horaires étaient gris sombres, d’autres ocres rouges. J’ai tracé les nouvelles lignes horaires avec un ton intermédiaire (gris brun).
Les chiffres ont été reconstitués avec un gris bleuté légèrement plus clair que les anciens tracés afin de maintenir visibles les deux états.
Pour les reprises de couleurs du fond, j’ai utilisé des glacis de badigeon réversibles (dilutions de chaux aérienne et pigments dans du Paraloïd B72 + +toluen).
Pour les lignes, les chiffres et la maxime, j’ai utilisé des glacis de couleur acrylique en émulsion.

5 - Finitions.
Le style en acier a été traité contre la rouille et peint dans un ton gris brun pas tout à fait uniforme (peinture spéciale pour l’acier en extérieur).

En final, j’ai appliqué un fixatif de protection ( Paraloïd B72 dilué à 3 % dans du toluen).

2 - Repositionnement du style, consolidation de l’enduit, bouchage des microfissures.
Après avoir vérifié que le style était fixé dans un plan déviant de 10° environ par rapport au plan méridien, j’ai pris la décision de le repositionner correctement.
Descellement délicat pour ne pas fragiliser l’enduit et percement le plus réduit possible en surface.
En profitant de ce percement, j’ai injecté du caséate de chaux dans la poche de décollement de l’enduit au centre du cadran.
La mesure de la déclinaison du mur à midi solaire a permis de recalculer le cadran.
À partir de ces données, j’ai obtenu la position du style et les angles des différentes lignes horaires. J’ai réalisé ensuite un gabarit pour le scellement du style : Le style doit être précisément positionné parallèlement à l’axe des pôles en combinant l’angle de la déclinaison du mur et celui de la latitude.
Le scellement du style a été réalisé avec un mastic polyester qui catalyse sans retrait. Ce matériau très résistant est également «réversible» (il peut être détruit à 300° au chalumeau thermique si cela s’avère nécessaire dans le futur, sans fragiliser l’enduit par des coups de marteau et burin).Le style a été légèrement affiné vers sa pointe pour améliorer la précision de la lecture de l’ombre.
les microfissures et divers petits trous ont ensuite été bouchées avec un mortier fin de chaux aérienne et poudre de marbre, plus adjuvant adhésif dans l’eau de mouillage.Coordonnées et orientation du cadran solaire :
Latitude : 44°12’, longitude : 5° 56’ Est, déclinaison du mur : 52° vers l’Est, angle de la ligne sous-stylaire : 39,02°.
Mur pratiquement vertical (le plan n’est pas tout à fait constant selon les parties du cadran).
Angles horaires depuis le point B :
6h = 142,5° / 7h = 135,1° / 8h = 128,4° / 9h = 121,6° / 10h = 113,9° / 11h = 104,1° / 12h = 90° / 13h = 67,7° / 14h = 35,8°

Maison particulière
04200 Noyers sur Jabron
Restauration du cadran solaire, Avril 2009.
Pour en donner un exemple, j'ai reproduit ici le compte rendu de restauration.

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