Restauration du cadran solaire de Lisette Maure à Miraval
dans le cadre des actions de l'association Temps Partagés
2011
Assistante et crédits photos : Agathe Dumont
Analyse gnomonique de la méthode de tracés du cadran : Michel Hugon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce cadran de 1835 était bien conservé. On y a retrouvé l'ensemble des détails de construction gravés dans l'enduit, des couleurs à la fois étonnantes (le vert) et vives. Une grosse fissure partageait le cadran, avec une partie décollée du mur, prête à tomber.
Après un nettoyage léger et l'application du fixatif imprégnant la surface, grâce à un facing ponctuel, le morceau central a été déposé puis rescellé avec un mortier de chaux, le même qui servit ensuite à boucher toutes les fissures.

Tracé du cadran (technique probable utilisée par le cadranier).
Note de M.Ugon - novembre 2012.

Latitude : 44°24'01'' (44°,4)
Longitude : 6°34'24''

Le cadran de 1835 vient d'être restauré par Jean-François Gavoty qui a découvert et mis en évidence son ancien tracé en ayant eu la bonne idée de surligner au crayon les gravures du tracé, puis de photographier l'ensemble. A Miraval, subsistent également les vestiges d'un autre cadran dont les tracés bien visibles utilisent la même géométrie.
Il s'agit d'une méthode de tracé approchée originale qui a le mérite d'être relativement simple.
En effet, elle ne nécessite ni la connaissance de la déclinaison du mur (emploi des cercles hindous), ni celle de l'horizon du cadran, ni le point triple, ni le cercle des latitudes, ni la déclinaison du cercle diviseur équatorial local.
Cette méthode fut utilisée au milieu du 19ème siècle dans la vallée de l'Ubaye pour des cadrans verticaux peu déclinants (et il faudrait rechercher si elle fut utilisée ailleurs).
1- Fixation d'un style droit en O qui sera le centre du cadran.
2- Tracé de la verticale OM à l'aide d'un fil à plomb. Cette ligne verticale sera la ligne de midi du cadran.
3- Tracé d'une ligne OL telle que l'angle LOM soit égal à 90°- la latitude du lieu (LOM = 90°). Ici, le cadranier a dû prendre 45° pour simplifier (la construction fonctionne également pour une autre latitude avec une moindre précision).
4- A une heure choisie du matin, l'ombre du style droit coupe la demi-droite OL au point R1 , tracé d'un cercle de centre O et de rayon OR1 (ce premier cercle est l'un des cercles hindous).
5- Lorsque l'ombre de l'extrémité du style droit recoupe ce cercle en R2 dans l'après-midi, tracé du rayon OR2 et du segment R1R2.
6- Tracé du point E1 , milieu de R1R2.
7- Avec un style droit plus long, refaire les opérations 4,5 et 6 sensiblement aux mêmes heures, cela donne R3R4, R5R6, ..., avec les milieux respectifs E2, E3... etc.
8- Tracé de la sous-stylaire OE qui passe par la moyenne des points E1,E2, E3 etc. Cette sous-stylaire est donc la médiatrice des segments RiRi+1 et aussi la bissectrice des angles Ri/O/Ri+1 car les triangles correspondants sont isocèles. Il est courant de tracer 3 cercles hindous pour obtenir une sous-stylaire précise.
9- La perpendiculaire à OL en L1 coupe la sous-stylaire en E.
10- Tracé de l'équatoriale perpendiculaire à OE passant par E. Cette équatoriale coupe la ligne de midi verticale en Q.
11- E R3 = EW donne le point W sur la sous-stylaire à l'aide d'un compas. W est le centre du cercle équatorial diviseur C tangent à l'équatoriale en E. Le choix du point R3 conduit à avoir un grand cercle diviseur compris entièrement dans le dessin du cadran.
12- Tracé des angles de référence (15° pour les heures, 7,5° pour les 1/2 heures, 3,75° pour les 1/4 d'heures) en partant du rayon WQ qui correspond à la ligne de midi.
13- Les points d'intersection des rayons du cercle diviseur avec l'équatoriale permettent de tracer l'éventail horaire du cadran.

Ce tracé est plus simple que la méthode classique, mais un calcul montre que pour obtenir une erreur d'angle horaire inférieure à 5 minutes sur un cadran vertical, il faut avoir une déclinaison gnomonique inférieure à 30°.

L'accueil de Lisette Maure a été formidable. Cette restauration comme celle du cadran de Mme Charle au Mélezen est emblématique des missions de l'association Temps partagés : restaurer des cadrans remarquables dont les propriétaires ne peuvent pas assumer le coût des travaux.

Pour Lisette, la restauration du cadran qu'elle observe depuis sa naissance dans cette maison, ravive des liens naturels et d'autant plus précieux entre les nombreuses images d'un quotidien de l'agriculture rude en montagne qui fut sa vie, les descentes plus récentes à Barcelonnette en 2 cv appartennant maintenant elles aussi au passé, et l'horizon futur qu'elle observe avec sa bonne humeur circonspecte.
L'ombre au cadran n'empêche pas le feuilletage du temps, même si l'éventail des lignes semblent proposer de tenir ensemble les strates disjointes des souvenirs avec un futur raisonnablement ensoleillé sous cette latitude.
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