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Cadran solaire sur la maison MARTARELLO - DEGAS, La Barge, Saint-Paul sur Ubaye

Ci-contre à droite : le relevé sur calque de tous ces fragments a permis de reconstituer l'ensemble en exploitant la symétrie caractéristique du décor des cadrans traditionnels.

Par ailleurs le fait de dessiner les vestiges originaux permet de garder leur trace tout le long de la restauration. C'est d'autant plus important lorsque ces traces originales occupent un faible pourcentage de la surface globale du cadran (et que l'on risque de les recouvrir).
Ci-contre : application du fixatif spécifique (Paraloïd), qui pénètre dans l'enduit sur quelques millimètres et consolide la surface pulvérulente. Ce fixage densifie également les couleurs originelles et permet de retrouver certains détails.
Une fois installé sur l'échafaudage, j'ai eu la confirmation par les fragments observables d'une gamme chromatique et d'une géométrie particulièrement riches.

à gauche ci-dessus et ci-contre : on observe les vestiges d'un baldaquin, gravé dans l'enduit puis peint avec des terres de Sienne, naturelle et brûlée, dans un badigeon de chaux.

Ci-dessus à droite : le cadre qui contient les chiffres allie le bleu outremer et du "caput mortuum". on observe également l'extrémité de la ligne équinoxiale soulignée de bleu intense ; sous cette ligne on observe les vestiges du chiffre 6.


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Les plus gros trous dans la surface du cadran ont été bouchées avec un mortier de chaux hydraulique naturelle, sable de l'Ubaye et adjuvants pour une meilleure accroche. Maçonnerie de précision pour ne pas recouvrir les fragments originaux.
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L'étape suivante consistait à repositionner le style précisément grâce à un gabarit sur mesure. Scellement du style avec un mastic de résine époxy.

Une fois le style posé, j'ai bouché tous les petits accidents de la surface avec un micro mortier de chaux aérienne et de sable de rivière tamisé.

Progressivement il est apparu que ce cadran appartenait à une typologie de la haute vallée de l'Ubaye, semblable par sa géométrie, sa date et son décor, à deux cadrans, l'un à Serennes, l'autre à Maljasset. En recoupant ce qu'ils avaient en commun, reconstitution des pots de fleurs qui n'étaient plus que quelques points de couleurs dispersés sur la surface concernée.

Le chiffre des dizaines de la date avait totalement disparu : les deux autres cadrans étant datée de 1860 nous nous sommes appuyés sur cette référence, considérant que l'erreur ne pouvait pas être très importante.

Enfin les deux autres cadrans ont chacun leur "oiseau politique" au sommet de l'édicule : un coq d'un côté, un aigle de l'autre. Ici à La Barge, l'oiseau probable avait totalement disparu. Nous avons décidé de faire une proposition moins directement symblolique de l'empire ou de la république (encore que...), marquant simplement la réapparition de ce cadran pratiquement tombé en ruines : un phénix, traité en grisaille, en recul par rapport aux éléments avérés du cadran.
En m'appuyant sur les vestiges des motifs, en les reportant symétriquement, j'ai reconstitué avec une quasi-certitude l'ensemble du tracé du décor.

En recalculant le tracé horaire, il correspondait aux quelques chiffres encore en place.

Une fois ces tracés réalisés, la réintégration des couleurs a pu commencer en s'appuyant sur les fragments conservés : très ponctuels et très vifs, comme on peut l'observer ci-dessus !

Les différentes phases de cette restauration se sont développées à la fois de manière surprenante et logique, en fonction de tout-petits indices découverts ici ou là sur le cadran, et des divers échanges avec les personnes concernées. Le choix de se rapprocher au maximum d'un état originel en s'appuyant sur des indices à peine visibles est sujet à discussions... pour autant lorsque les formes apparaissent, une logique s'impose, confirmée par la cohérence du vocabulaire commun avec d'autres cadrans.
Il ne manquait que la maxime dont nous avions l'emplacement certain mais plus aucune trace de lettres. Celle que nous avons finalement retenue est une proposition de Mme Martarello, recoupant une actualité qui préoccupe les alpages et un proverbe : l'homme est un loup pour l'homme.

Merci à Bernard et Christiane ANDRE qui ont porté l'énergie collective sans laquelle cette restauration n'aurait pas été possible. Travailler dans ce contexte fut une bien belle aventure.
Cadran restauré fin juillet 2011. Il était très détèrioré, mais, en observant de près les fragments, il manifestait des qualités à investir...
Gilbert Martarello et sa femme, Louis Martarello, Brigitte Degas ont été soutenu par tout le village de La Barge pour engager cette restauration. En cela, l'initiative collective pour la restauration d'un cadran privé est tout à fait exceptionnelle. Cette initiative solidaire souligne le statut singulier des cadrans solaires : à la fois attaché à une maison, et tourné vers l'espace du village pour un temps partagé...
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En fonction de la déclinaison du mur par rapport au Sud et de la latitude du lieu, reconstitution des principales lignes du tracé, dont la ligne équinoxiale.

Le chiffre 6 étant bien conservé, en calculant l'inclinaison de la ligne de 6h, j'ai retrouvé le point de scellement du style à l'intersection de la ligne de 12h, verticale au centre.