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Maljasset, Maurin, commune de Saint-Paul/Ubaye
Restauré en 1990, à la demande de Dédé Belon, facteur de la haute vallée.


Ce cadran est parfois attribué à G.F. Zarbula, on sait maintenant que ce n'est pas le cas*.

Lorsque les recherches de Françoise Alexandre sur certains villages d'Ubaye ont pris leurs premières formes, j'ai été frappé (après 20 ans d'activités de cadranier) par son explication anthropologique proposant une hypothèse solide pour expliquer la multiplication des cadrans dans certains villages : le fait d'en posséder un permettait à la famille concernée d'accéder au ''temps mesuré' de la communauté, un temps permettant d'arbitrer les partages (difficiles) du temps d'arrosage ou accessoirement, de cuisson du pain dans le four commun... Cette somme des cadrans fournissait ainsi une sorte de 'temps légal du village', les cadrans se surveillant, un peu comme le font actuellement les horloges atomiques... Les nombreux procès avaient besoin d'éléments tangibles et pour les limiter, un temps partagé au quotidien était nécessaire.

Les cadrans avaient aussi des fonctions d'affichage politique et/ou d'appartenance politique dans les temps agités allant du rattachement de l'Ubaye à la France (1713, traité d'Utrecht) jusqu'à la fin du 19e siècle. Celui-ci signale son allégeance à Napoléon 3 (l'aigle). Il peut être relié dans la haute vallée de l'Ubaye au cadran "républicain" de Serennes qui lui est contemporain, mais également au cadran "monarchiste" de 1789 qui se trouve à la Barge.
Par ailleurs le propriétraire de la maison en 1860 (Mr André) était probablement membre éminent d'une loge maçonnique et à ce titre il a conduit la réalisation de ce cadran par divers compagnons de passage.

L'une des missions de l'association Temps partagés créée en 2010 (initiative de Françoise Alexandre à laquelle je me suis associé) est de fortifier ces recherches. Un travail est engagé, qui conjugue méthodes anthropologique, gnomonique et historique pour que les attributions soient établies autant que possible sur des données plastiques, les tracés et des documents d'archives.

2009
2007
1990
* Il n'y a aucun cadran Zarbula en Ubaye, pas même celui de Serennes. Pour certains spécialistes de cadrans, Zarbula est devenu un emblème qui semble vouloir dire ''beau cadran avec oiseau". Bizarrement, il est un des rares cadraniers qui signait ses instruments et dont on a identifié la signature. Ce qui étonne le plus, c'est que ce soit à lui que l'on attribue autant de cadrans anonymes. L'oiseau suffit !
Pour les avoir observé de près pendant leur restauration, ces deux prétendus Zarbula ne sont en fait pas du tout de la même main : celui-ci est peint avec de très bons pinceaux par une main habile, celui de Serennes est beaucoup moins précis dans ses traits et ses détails.
Cela évoque toute la difficulté des attributions.