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L'installation sur les socles-pistons du chateau Bouygues fraîchement construit (1989), me permit d'observer, malgré la reproduction toujours aussi fidèle de la forme, l'évaporation de toute aura du simple fait du site : il figure une puissance glacée dans ses reflets d'argent.

La même expérience froide m'est arrivée trois ans plus tard avec une copie de Proserpine, moulée originellement à (et pour) Versailles, et qui est venue compléter le triangle du décorum de la multinationale.

À cette échelle, en travaillant sur des sculptures chargées par leurs auteurs et par l'histoire, j'ai pu approcher simultanément des équilibres de formes complexes et fascinants, des matériaux lourds qui interrogent le temps long...
Mais dans les plis de matière, on perçoit des murmures qu'on n'attendait pas là : un pouvoir économique s'essaye à l'histoire de l'art... heureusement elle est habituée.

J'ai été étonné en voyant cette pub en 2008 : délicatesse et générosité. Ce n'était pas mon souvenir. Vu d'avion, la grosse tenaille du plan d'ensemble est explicite... mais j'aprécie les petits nuages dans le ciel. Mon impression d'avoir travaillé pour un chateau implanté à la lisière de Second Life se trouve confirmée 20 ans après. Au moment de cette aventure je percevais les ambiguités de la situation, mais le plus troublant est d'avoir travaillé ces tonnes de marbre reconstitué dans des moules d'une grande complexité et de les retrouver à présent immergées dans la fiction publicitaire où un collage Photoshop aurait été plus adapté. Kafkaien et prévisible, les 2 adjectifs s'apprécient.