Au début des années 1990, à peine installés dans leur maison, Françoise Alexandre et Régis Benicchi me demandèrent de restaurer le cadran ancien qui l'ornait.

"Mortel je règle ta carrière / cette heure peut être ta dernière" 1817
En 2000, nous avons conçu un nouveau cadran, occupant la place d'un cadran détruit.
"Vienne la nuit sonne l'heure / les jours s'en vont je demeure" (Appolinaire).
Françoise Alexandre a conduit des recherches qui éclairent l'histoire et la vie en Ubaye. Ces recherches ont été décisives pour l'approche historique des cadrans solaires.
Dans cette dynamique, nous avons créé et porté l'association "Temps partagés" entre 2010 et 2015 pour aider à la restauration de certains cadrans.
Pivot de l'association, des "journées musicales" se déroulaient chez Françoise et Régis pendant toutes ces années. Elles ont soutenu les restaurations de cadrans qui en retour permettaient d'enraciner dans l'histoire et la culture locale le précieux festival de musique classique invitant de jeunes interprètes professionnels.
Parmi les éclairages historiques qu'a apportés F. Alexandre, je retiens la question de la "multiplication" des cadrans dans certains villages :
Le fait d'en posséder un sur la maison permettait à la famille concernée d'accéder au ''temps partagé" de la communauté.
Il était nécessaire d'arbitrer, par exemple, les temps d'arrosage ou de cuisson du pain dans le four commun... Et les nombreux procès entre voisins avaient besoin d'éléments tangibles.
La profusion de cadrans établissait donc probablement une sorte de 'temps officiel du village'.
Les instruments se surveillaient, un peu comme le font actuellement les horloges atomiques...
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