

Musée d’art contemporain de Lyon
Exposition personnelle du 23 février au 2 avril 1990.
Le XXème siècle a fait une œuvre avec le plus inattendu : le hasard, le déchet, l’équation... Dans le même temps diverses sciences et théories ont fait de l’objet un signe, des objets un système, du monde visuel un langage. Tout ceci bien sûr n'est pas forcement vrai. Cependant, face à cette réalité, l’artiste d'aujourd'hui n'est plus innocent. Son monde est un texte, son environnement un langage et sa liberté est infinie. Dès lors tout est possible. II n'y a plus de techniques, de matériaux, de lieux, de hiérarchies pour faire de l’art. La qualité, ce qui fait que l’art est art est plus difficile à cerner. C'est pourquoi l’art récent a tenté de se justifier. Par crainte de n'être pas compris, il a valorisé une forme de logique qui consistait à déduire la forme d'un postulat : celui-ci fut tour à tour la couleur, le plan, le système, les composantes de l’œuvre. Aujourd'hui, c'est l’institution : toutes les instances qui fabriquent l'art. Cette attention au processus déductif, hier minoritaire et créatif, est aujourd'hui largement majoritaire et stéréotypée. Logique par paresse l’art est sans qualité. À s'en tenir au processus il suffirait que celui-ci soit en effet logique - ce qui est le propre d'un processus - pour que l’œuvre fut bonne. Erreur, elle ne serait que cohérente, déduite. Et la cohérence raisonnée, discursive, n'est certainement pas un critère artistique déterminant.
J.F. Gavoty pense en termes de qualité et croit aux "œuvres", moins aux processus (beaucoup moins). Les faits et gestes, les assemblages hypothétiques, les hasards et leur enchainement sont pour lui un large terrain d'expérience. L'irruption incessante de l’histoire des formes dans tout ce qui généralement échappe dans l’instant du déroulement d'une vie est, à tout instant, un canevas possible pour une forme à inventer. C'est pourquoi l’appropriation du monde de tout ce qui se présente (ou le plus possible) est pour J.F. Gavoty essentiel. Hadès, le Cheval, Proserpine, la Fiancée Universelle, le Corps de Proserpine, la Tête d'Hadès, les Trois Pieds sont autant d'épisodes, d'un scenario inconnaissable. Versailles, été 89, l7 juillet, corps enlacés. La scène illustre un bref épisode d'une longue histoire : Hadès le dieu, enlève Proserpine sous les yeux de la nymphe, au milieu des fleurs qu'elle cueille. Marqué par le temps, le groupe sculpté est voué à la restauration Octobre 84. La cour des Invalides. Statue équestre en pierre appareillée, cassée dans la cour humide. Continuités des émotions, discontinuité des objets. Ce n’est pas simple, l’artiste est aussi restaurateur d’œuvres anciennes. Et son travail se développe entre mémoire et coïncidence. Tout ce dont se souvient l’artiste et tout ce qu'il ignore : photographies, lapsus, acquis, historiettes, rébus, connaissances, aléas, sont mêlés par associations visuelles pour répondre à l’histoire, la grande et la petite. Ensuite vient l’instant alchimique du choix de la fabrication d'une forme. C'est affaire d'intelligence pratique, de subtilité de matériaux, de souci plastique, d'aller retour incessant entre penser et faire, entre logique et inconnu. Couleurs, échelle, lumière, qualité et état de surface sont déterminants. L'appropriation du monde est sensible.
Thierry Raspail, Conservateur du MAC Lyon – Février 1990.




À l'occasion de cette exposition personnelle au Musée d'art contemporain de lyon, j'ai exposé le "Cheval XIII" et l'installation ci-contre :
"Noyade de la Fiancée Universelle dans le puits à souhait"
1986-1990
(époxy, filasse, huile de vidange, marbre reconstitué, polystyrène, papier, plomb) ; "les 3 pieds", "Proserpine"et quelques autres pièces que je juge moins indispensables avec un peu de recul .